« Ce ne sont pas les chefs d’Etat qui font les font les révolutions. C’est aux intellectuels de prendre leurs responsabilités, de faire preuve d’imagination et de proposer les réformes qui s’imposent en période d’incertitude ». C’est en substance le discours que le Président Wade a tenu à un parterre d’universitaires et d’hommes de culture samedi à la salle des banquets de la présidence, qui avait à ses côtés le Premier ministre, Cheikh Aguibou Soumaré, le ministre d’Etat, Cheikh Tidiane Gadio et le Pr. Iba Der Thiam.
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L’invite de Me Wade qui s’est dévêtu, pour l’occasion, de son manteau de chef d’Etat pour endosser une toge de professeur, une suite logique de son intervention à la « World Policy Conference » à Evian. Organisé par l’IFRI, cette rencontre, dont la problématique portait sur l’état présent du monde, son devenir et les possibilités d’orientation de ce futur, avait enregistré la participation d’une vingtaine de chefs d’Etat parmi lesquels le Français Nicolas Sarkozy, le Russe Dimitri Medvedev et le Sénégalais Abdoulaye Wade et près de cinq cents autres décideurs d’Europe, du Moyen-Orient et d’Amérique Latine.
Dans le sillage d’une telle initiative, Me Abdoulaye Wade, aux fins de permettre à l’Afrique de se doter d’une sorte de « think tank », capable d’influencer aussi les autres dirigeants africains que leurs pairs et porter la voix de l’Afrique dans les cercles internationaux, a convié les intellectuels sénégalais à mettre en place un « Forum africain pour la Gouvernance mondiale ».
Si l’initiative procède de la rencontre d’Evian, elle est naturellement structurée par le contexte international qui se caractérise par la prééminence de la crise financière internationale. Une crise qui, selon Me Abdoulaye Wade se réclamant du libéralisme néo keynésien, n’est ni le fruit d’un hasard, ni un événement inédit. En dépit de celle de 1929, les bulles boursières ont déstabilisé les économies asiatiques à la fin les années 80. Une situation qui dérive des perturbations introduites par la substitution de l’étalon or par des monnaies fiduciaires, d’abord le dollar avant que le yen ou l’euro ne s’imposent sur les marchés financiers. Un tel système édifié sur le déficit structurel des Etats-Unis qui se payent le luxe d’un « endettement sans douleur », ne pouvait perdurer.
La particularité de la crise actuelle, du fait d’effet de dominos, est qu’elle secoue les bases du système économique mondial et affecte l’économie réelle, a indiqué Me Wade. Au point de contraindre les Etats à opérer des prélèvements sur les contribuables pour refinancer les banques.
Si Me Wade reconnaît que cette crise n’aura pas d’incidences majeures en Afrique, il n’en demeure pas moins que les Africains doivent refuser de se laisser porter par les vagues et de voguer à vue. Le monde aujourd’hui est en pleine révolution. La crise financière n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Elle est l’ultime manifestation d’un malaise qui affecte la globalité des rapports internationaux qui, à terme, sont condamnés à une modification. Dans l’optique d’une révision des relations économiques entre les Etats, s’insère aussi la nécessaire réforme du système des Nations unies. Selon Me Wade, que les Africains y participent ou non, ces réformes auront lieu. Alors, autant prévenir.
L’Afrique ne doit pas s’auto-exclure de la marche du monde. Et, pour Me Wade, c’est aux intellectuels africains de se doter d’une vision pragmatique afin de prendre les devants. Il a exhorté l’assistance à retrouver le sens de l’engagement militant pour la cause africaine. Il ne s’agira point de se confiner dans le silence de la méditation et la solitude de la réflexion mais d’agir, de faire œuvre didactique, d’influencer les décideurs. Bref, de produire une « praxis », comme l’on disait naguère.
Au terme de la rencontre, il a été prévu la création d’un Institut panafricain de stratégie incluant la diaspora, la mise en place d’une direction élargie en vue de la mise en œuvre d’une Revue africaine de Stratégie, l’érection d’une association dénommée « Sciences sans frontières » et la mise en place du Forum sur la gouvernance mondiale.
Moustapha Sarr DIAGNE
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Le 19 septembre 2010, la guinée sonnera t- elle le glas de son passé médiocre, de Sekou Touré à Lansana Conté – cinquante deux ans d'histoire sombre avec ses corollaires de souffrances -
RépondreSupprimerSerait- elle possible de ne plus répéter cette partie de l'histoire du pays? avec le premier président civil démocratiquement élu ?
Ce serait une catastrophe si ce «pays essoufflé» échoue de si près, certes! sa singularité en fera encore d'elle une exception.
Il n'y a pas de «terre maudite» ou d'«iles maudites», de malédiction de l'homme noir.
Diakite Moriba
Critique/Journaliste
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